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Patrick Perrey

poème, roman, chronique, venez découvrir mon esprit pleins de mots et de maux...

Gabriel ange Déchu (épisode 6)

Gabriel ange Déchu (épisode 6)

Imperméable

Océane n’avait pas eu besoin de convaincre son frère, le départ du jeune homme devait se faire que dans deux jours, si rendant en train. Mais perchez au-dessus de son toit, regardant les étoiles, Gabriel n’avait plus la même motivation. D’avoir peiné Charlène, l’avait lui aussi, très affecté. Les images qu’il avait gardées de ce moment difficile tournaient en boucle dans son esprit : « Je ne voulais pas lui faire de mal… Mais sans le vouloir… Je ne l’ai pas ratée… En plus… Depuis que je me suis réconcilié avec elle… Par rapport à la dispute de l’autre fois… Elle est devenue encore plus adorable avec moi… Elle a fait une concession pour moi…. Je crois que ce qui me tracasse… C’est le procès… Selon son verdict… Aucune d’elles ne pourraient ne pas souffrir… De ne plus me voir pendant un moment… Et moi dans tout ça ?... Comment je vais réagir si je devais ne plus les voire pendant un moment ?... Surtout si l’une d’entre elles est ma petite amie… Je vivrais cette expérience avec un poids en plus… Elle m’a dit que je suis un « No life » … Mais j’ai mes raisons… C’est pour les protéger… Je ne veux pas qu’elles aient mal pour moi… Je préfère pouvoir m’imaginer être seul face à ma souffrance. »

Gabriel entendit une voix de fille qu’il l’appelait, se mettant assis, il vit Mathilde qui l’interpellait depuis la rue. Quelques minutes plus tard, le jeune homme l’avait rejoint, Surpris de sa venue, il s’exclama :

  • Ça va ?... Qu’est-ce que tu fais là, à cette heure-là ?
  • J’avais besoin de te parler. Dit-elle avec sérieux.

Et ajouta, en lui montrant un morceau de « shit » :

  • En fumant un p’tit joint ensemble, si ça te dit ?
  • Ouais… Je veux bien.

 

Gabriel eut l’idée d’aller discuter sur le banc où il avait été souvent en compagnie de Charlène. Aucun mot ne fut prononcé, ni sur le chemin, ni avant que la fille n’ait allumé le « pétard ». Lorsque ce fut fait, Mathilde en recrachant la fumée de sa première taffe, brisa le silence :

  •  Je t’ai vu venir chercher Charlène à la sortie des cours… Aujourd’hui… Et tu n’as même pas essayé de me voir… Tu es parti avec elle directement… Déjà que c’est elle seule que tu as prévenu que t’es viré de cour… En plus… Je ne l’ai pas appris par elle directement… C’est « Bull » qui est venu me l’appendre…

La fille lui passa le joint en continuant à parler :

  • Je peux accepter que tu veuilles nous garder toutes les deux comme amies… Si c’est le cas… Je ne comprends pas pourquoi tu es en train de me mettre de côté…
  • Mais…
  • Attends ! Laisse-moi finir. S’écria-t-elle en se tournant vers lui.

Et repris calmement :

  • Mais si tu as changé d’avis… Et que tu sors avec elle… J’aimerais bien être au parfum… Parce que j’ai bien l’impression d’être prise pour une conne.

Le jeune métis se sentit coupable de l’avoir délaissé, il ne pouvait pas le nier. Mais il savait parfaitement ce qui avait causé chez lui cette réaction, c’était que la dernière discussion qu’il avait eue avec elle, avait dévoilée une partie de sa personnalité que le garçon n’avait pas apprécié. Il le lui expliqua :

  • Tu te rappel la dernière fois… Lorsque je t’ai annoncé que j’avais décidé de ne pas choisir entre vous deux ?
  • Oui…
  • Ben… Ce jour-là… Ta réaction m’a beaucoup déçu… J’avais presque l’impression que tu avais carrément oublié ce que je vis en ce moment…  Et t’a pensé qu’a tes sentiments… J’avais l’impression que tu m’ordonnais de te choisir… En plus tu me balance ça de bon matin.
  • Ouais… Mais dès notre rencontre… Je suis tombé amoureuse de toi… Alors comme j’ai eu l’impression… Que pendant la soirée « Barbec » …  Tu commençais à te rapprocher beaucoup plus d’elle que de moi… ça m’a fait péter les plombs !... Pis tu m’as toujours pas dit ! … Vous sortez ensemble ?
  • Non ! Dit-il impulsivement.

Le garçon était en colère de voir la pression que cette situation exerçait sur ses épaules. Mais il réfuta l’idée qu’il n’était plus impartial :

  • J’ai décidé que je ne sortirais avec aucune d’entre vous deux… Je te l’ai dit… Et ne crois pas que je ne tiendrai pas ma parole… Ni que je te dis ça pour que tu me laisse tranquille avec elle… Je viens de lui répéter la même chose, aujourd’hui… Et t’as eu raison sur une chose… La dernière fois… Tu m’as dit qu’elle le prendrait mal aussi… Et ben… C’est ce qu’elle a fait.

Mathilde a qui se n’était plus arrivé depuis longtemps, ressentit de la compassion pour son amie. Elle lui demanda avec commisération :

  • Comment elle a réagi ?

Gabriel dans son attitude plaida coupable, baissa les yeux au sol, en déclarant :

  • Elle m’a complètement jeté… Et elle partit en pleurant.

La fille hocha la tête de droite à gauche, montrant à quel point, elle trouvait la réaction de son ami, pathétique. Et l’exprima, en constatant :

  • T’as vu ce que tu fais en campant sur ta décision… Tu nous fais toutes les deux souffrirent… Tu voulais nous gardées comme amies… Et regarde ce qui s’est passé… Tu t’es pris la tête avec moi et avec elle… Toutes les deux on ne l’accepte pas… Tu vas finir par nous perdre toutes les deux… C’est ça que tu veux ?  

Le jeune métis se sentit tellement incompris, qu’il en était à bout, C’en étais trop, il ne pouvait plus entendre tous ces reproches et perdit son sang-froid :

  • Et tu t’es posé la question de savoir comment tu vas réagir quand le juge m’aura envoyé en maison de redressement… Que tu devras te passer de moi pendant longtemps… Que ce soit toi ou elle ! … Si vous m’aimez autant que vous le dites ! … Vous ne serez pas assez forte pour ne pas trop en souffrirent ! … Et moi je ne veux pas de ça !

Mathilde bondit du banc d’un seul coup, se plaçant debout, face à lui, se révolta :

  • Tu t’es fait les questions et les réponses depuis le début… Mais qu’est-ce que tant sait qu’il n’y en a pas une de nous deux qui soit assez forte… Pour ne pas trop en souffrir…

Des larmes commencèrent à coulées sur ces joues, avec une voix douce mais triste, elle plaida sa cause :

  • Je sais que les premiers temps j’en souffrirais… Mais après je m’endurcirais pour toi… Je serais l’épaule sur laquelle tu pourras toujours te poser… Je serais ta béquille pour avancer…

En disant ces propos, elle s’était approchée de Gabriel, tenant ses mains, posant son front contre le sien, le supplia :

  • Donne-moi une chance de pouvoir te le prouver.

Toujours tête contre tête, Mathilde put voir dans le regard du jeune métis, qu’il avait utilisé tous ces arguments, mais semblait pourtant imperméable, il répondit avec beaucoup de froideur :

  • Je ne te demande rien… Tu n’as rien à me prouver… Je ne changerais pas ma décision… Et sache que toutes les comédies du monde ne pourront pas me faire changer d’avis… J’aurais deux amies ou rien !

La jeune brunette se poussa, pour le laisser passer, il ne rajouta rien et partis sans se retourner. Elle le regarda s’en aller, inerte pendant quelques secondes et éclata en sanglots.

Dénouer pour une dévouée.

 

L’adolescent était rentré chez lui, très contrarié de la dispute qu’il venait d’avoir avec Mathilde. Il se rendait compte qu’elle essaierait de le convaincre par tous les moyens : « Mais pour qui elle se prend pour me traiter comme elle le fait… On dirait que je suis un objet qu’elle voudrait s’approprier ! … Elle me saoul !... Que ce soit l’une ou l’autre… Elles s’imaginent pas… Comment je vais souffrir… Si je me retrouve dans une maison de redressement… Et que je sors avec l’une d’elles ! ». 

D’un seul coup, il entendit quelqu’un frapper doucement à sa porte. Intrigué, il alla ouvrir. C’était sa petite sœur, il l’a fit entrer en lui demandant :

  • Qu’est-ce que tu fais là à cette heure-ci ?

Déborah qui venait d’atteindre l’âge de neuf ans, était une jolie petite fille, elle avait des cheveux coupé mi-court blonds comme son père, de visage, elle ressemblait énormément à sa mère, alors que Gabriel, lui, avait pris physiquement des deux. La petite fille s’assit au bord du lit, la tête basse, et répondit :

  • J’avais envie de parler.
  • De quoi ?... Demanda-t-il avec une voix douce.

Elle le fixa avec de la tristesse dans les yeux, en déclarant :

  •  Maman m’a expliqué ce qu’il risquait de t’arriver… Au procès.
  •  Qu’est-ce qu’elle t’a dit !?!
  •  Qu’on risquait de t’envoyer dans une maison de redressement… Et que tu n’pourrais pas revenir pendant un moment.

Le regard du grand frère en disait long, il vit qu’il ne pouvait pas nier. Alors il essaya de minimiser la chose :

  • Tu sais ça peut ne pas durer longtemps ?
  • Qu’est-ce que c’est « pas duré longtemps » … Pour toi ?

Il réfléchit quelques secondes, et répondit :

  • Ch’ais pas… Six mois.
  • C’est long. Dit-elle avec tristesse, se rendant près de la porte, prête à partir.
  • Je suis désolé… Avoua-t-il avec sincérité.

Gabriel se rendit compte qu’elle n’était pas seulement triste mais en colère, et Déborah l’exprima :

  • En fait… D’un côté tu fais comme papa… Tu nous abandonnes.

Il voulut se défendre, mais elle l’en empêcha :

  • À l’école, tout le monde ne parle que de ça… On me montre du doigt en disant que mon frère est raciste… Et que je suis sûrement pareille.

 

Allongé sur son lit, les yeux grands ouverts dans l’obscurité, le jeune homme ne cherchait pas le sommeil. Après ce que venait de lui déclarer sa sœur, il n’acceptait pas l’image que les gens avaient de lui, qu’il doit se faire juger pour s’être défendu face à Bilal et que l’on le prenne pour un raciste, voir pire un antisémite : « Je ne suis pas raciste… Je ne pourrais pas l’être… Je suis incapable de mettre tout le monde dans le même sac… Je me sens déjà trop différent de tous les gens qui m’entourent… Comment je pourrais penser que toutes les personnes d’une même culture sont exactement toutes pareilles… Je suis sûr qu’il est quasiment impossible de trouver deux personnes qui ont été formaté de la même manière… Et qui pense sincèrement… Exactement la même chose à « tout » sujets… Je ne pense pas que ce soit possible… Parce qu’il y a une chose essentielle que l’on ne peut pas formater… Le cœur… Mais le mien va changer après ce que je vis en ce moment… Mon sort inquiète beaucoup de personne… Et je leur donne de la peine… Je m’aperçois maintenant que je suis devenu trop égoïste… Je ne pensais qu’à ne pas perdre la tête… Alors que ça fait un moment que je me suis moi aussi… Tromper d’ennemi… Je ne sais pas si Bilal… Y a déjà pensé… Mais je suis sûr qu’il s’en apercevra un jour… Et il s’en mordra les doigts… De m’avoir pourri comme il la fait… »

 

Tout à coup, Gabriel surpris entendit taper à la fenêtre, il se leva d’un bond, tenta de voir de loin qui y était, prudemment il avança et ouvrit d’un seul trait. Charlène qui s’était hissée jusqu'à la fenêtre pénétra dans la chambre. Le garçon tellement ébahi, resta de marbre. Il se retourna vers elle en lui demandant :

  • Tu es… Tu es… Tu es monté par la gouttière ?
  • Euh… Ouais… J’ai descendu par celle de chez moi aussi. Dit-elle en badinant.

Le jeune métis regarda par la fenêtre, il mesura la distance qu’il y avait à parcourir, referma et déclara :

  • Tu sais malgré que des fois… Je monte de ma chambre sur le toit… J’ai jamais essayé de monter jusqu'à ma chambre par la gouttière.

Elle répondit avec un air de vantardise ironique, histoire de réchauffer l’atmosphère, une clownerie sans motivation, et sans réelle envie :

  • Tu sais… Je suis forte… Il va falloir que tu t’y fasses.

Il referma la fenêtre et s’assit sur son lit.

Puis Charlène reprit :

  •  Excuse-moi… Mais j’étais venu pour te voir tout à l’heure… Et en arrivant presqu’au banc… Je suis resté écouter la dispute entre toi et elle… J’ai entendu quasiment tout… Surtout la fin…

Elle le fixa en s‘asseyant près de lui, en ajoutant :

  • Tu lui as dit la même chose qu’à moi… Mais pas de la même manière.

Gabriel compris ce qu’elle voulu dire, Mathilde l’énervait, et il lui arrivait qu’il lui parle méchamment. Mais, il n’y avait aucune animosité dans la façon qu’il avait de se disputer avec Charlène. 

Cette dernière, continua à s’expliquer :

  • Je ne suis pas venu pour te convaincre… Mais je ne pouvais pas m’empêcher de tant toucher deux mots… Je suis venu te dire que je ne te fais pas la tête… C’est juste que ça m'a fait mal d’avoir eut l’impression qu’on était enfin ensemble… Et qu’avec une phrase… Tu m’es remise à ma place.

La jeune métisse se leva du lit, marcha jusqu’à la fenêtre, observa à l’extérieur dans un silence pesant, finit sa phrase avec ambiguïté :

  • Je resterais ton amie tant que tu le voudras… Je t’accompagnerais à Avignon… Car je ne veux pas te perdre… Ni te laisser tomber… Je sais que moi et Mathilde… On est des soucis en plus pour toi… Mon but n’a jamais été de te rendre la vie invivable… Je veux être à tes côtés pour te soutenir… Et je le ferais.

Le jeune homme s’approcha d’elle, posa sa main sur son épaule, et dit avec une voix douce :

  • Je suis heureux de t’avoir à mes côtés… Je me sens bien… Mais je suis maladroit avec mes sentiments…

Au moment où il finit sa phrase, elle se tourna vers lui, le fixant dans les yeux avec un regard intéressé. Le garçon continua à s’exprimer :

  • Quand je t’ai connu… Je pensais que tu étais extrêmement sensible… Et je m’aperçois que tu es forte… Et que surtout tu me comprends… Et me soutien.

Les larmes de la jeune métisse coulaient lentement sur ces joues, Gabriel n’arrêta pas de lui dévoiler ce qu’il ressentait :

  • J’ai toujours eu plus mal quand je me disputais avec toi que lorsque je me disputais avec Mathilde… Je ne supporte pas de te voir pleurer… Où de te voir te sentir coupable…

La voix cassée par ces émotions, il ajouta :

  • Quand je parlais d’avoir peur de savoir que ma petite amie souffrirait de me voir partir en maison de redressement… C’est de toi que je parlais… C’est avec toi que je me sens bien.

Charlène se jeta dans ses bras, avec tristesse et joie mêlées. Les deux adolescents se serraient fort l’un contre l’autre, se prouvant tout l’amour qu’il avait l’un pour l’autre. De leur étreinte émanais la peur qu’ils avaient du futur, mais aussi la force que leur procurait la présence de l’autre. Au bout de quelques secondes, le jeune couple s’embrassèrent avec envie. Tous deux était inexpérimenté, c’était la première fois, qu’ils embrassaient avec la langue, mais instinctivement, quelque chose se passa naturellement, comme si un mode d’emploi leur avait été remis à la naissance. Bien sûr, ils en avaient déjà parlé avec des amis qui avaient, avant eux, tenté l’expérience, mais ce qui était nouveau pour eux, c’était la sensation que ça leur procurait. Le frisson qu’ils ressentirent lorsque leurs lèvres entrèrent en contact, ce bonheur qui envahit leurs cœurs, reflétant la joie qu’ils avaient de se sentir aimer d’une affection pure et égale à eux-mêmes. Charlène en s’écartant à peine de son petit ami, déclara :

  • Euh… Je ne peux pas rester longtemps… Si mes parents s’aperçoivent que je ne suis plus dans mon lit… Je vais me faire tuer.
  • Tu veux que je te raccompagne ?

Elle le regarda avec un grand sourire, en répondant :

  • J’aimerais bien… Mais…
  • Mais quoi !?! Dit-il intrigué.
  • Mais tu vas avoir peur de descendre par la gouttière. Affirma-t-elle en blaguant.
  • Moi, peur !... On va passer par la porte… En risquant de faire du bruit… Et d’m’attirer les foudres de ma mère… Ça c’est de l’aventure ! Annonça-t-il avec humour et ironie.
  • Wouah… Quel aventurier légendaire tu fais. Badina-t-elle.

 

Lorsque le jeune homme entrouvrit la porte d’entrée, ils sentirent tous deux, la fraîcheur de la nuit, sans dire un mot. Gabriel chercha dans un placard près de là, deux vestes, en tendit une à sa petite amie, celle-ci l’enfila le temps que le garçon referme la maison derrière lui. Quand il se retourna, il vit la belle emmitoufler dans son veston noir, la capuche remontée sur la tête, cette image lui fit avoir un petit sourire en coin. La fille intriguée, s’exclama d’une voix douce et interrogative :

  • Pourquoi tu me regardes comme ça ?
  • Je trouve que tu es trop mignonne, avec ta capuche. Répondit-il en lui prenant la main, la retenant dans sa poche, et commençant à avancer en amoureux.
  • Te fout pas de moi… Il ne fait pas chaud. Rétorqua-t-elle avec le ton d’un enfant faisant un caprice.
  • Tu me dis ça alors que je suis sincère.
  • Euh… Ouais… D’accord… Mais tu vas encore te moquer de moi… Parce que je vais encore rougir.

Gabriel ne pu se retenir de rigoler. Elle le frappa gentiment sur le biceps, et s’exclama en riant à moitié :

  • T’as vu… T’as vu… T’es sans pitié.

Le jeune couple continuèrent à se taquiner quelques instants, arriver au banc où ils s’étaient retrouvés plusieurs fois tous les deux, ils s’y installèrent, pour passer encore un moment ensemble avant qu’il n’arrive devant chez elle. Gabriel s’alluma une cigarette, repassa son bras derrière le dos de sa copine, qui était assise à côté de lui, la tête posé sur son épaule. C’est elle qui brisa le silence en posant une question qui lui trottait dans l’esprit :

  •  Gabriel… Tu crois que je pourrais assister au procès ?
  • Franchement… Je ne sais pas… Je ne sais même pas comment ça va se passer.
  • Et si ça dépendait de toi… Tu serais d’accord ?
  • J’aimerais que tu sois là… Mais je sais que ça risque d’être lourd moralement… Alors je préfèrerais te laisser le dernier mot.

Elle releva la tête, le regardant droit dans les yeux en affirmant :

  • Je vais peut-être en souffrirent… Mais si je peux venir je viendrais.
  • Alors je demanderais à mon avocate quand je la reverrais.

 

Un peu plus tard, les jeunes tourtereaux s’arrêtèrent à quelques mètres de chez elle pour se dire au revoir, ils ne voulaient pas prendre le risque d’être vu par ces parents. Enlacés, ils s’embrassèrent une dernière fois avant de se quitter. S’apprêtant à s’en aller la jeune demoiselle, lui demanda :

  • Tu m’accompagneras au collège, demain matin ?
  •  Oui… Je t’attendrais au banc.
  • Ok !

Elle lui fit un bref baiser sur la bouche, suivis d’un :

  • Je t’aime.

Le garçon resta muet, mais son expression en disait long sur ses sentiments. Il l’observa partir avec des yeux rêveurs et lorsqu’elle fut hors de vue, il fit volte-face en serrant le poing et s’exclamant avec entrain :

  • C’est ma femme !

L’autre Mathilde.

 

L’air était frais dans cette matinée, Gabriel était sorti plus tôt pour avoir le temps d’émergé avant que Charlène arrive, assis sur le banc où il devait l’attendre. Il n’était pas habiller comme d’habitude, il ne portait pas sa longue veste qui lui tombait jusqu’au mollet, mais un blouson noir en matière synthétique, il avait des mitaines pour lutter contre cette fraîcheur. Le garçon s’alluma une cigarette, en réfléchissant à ce qui lui arrivait avec Charlène : «  J’ai mis longtemps à accepter de prendre une décision… Et je pense que j’ai pris la bonne… Je me sens bien avec Charlène… Elle est vraiment ce que j’aime … Quand j’y pense… Dés que je l’ai rencontré… J’en suis tombé amoureux… Mais là où j’ai commencé à m’en rendre compte… C’est à la soirée du barbecue… Quand je me suis aperçu… Qu’elle… Aimais les plaisirs simple comme moi… Et qu’elle était capable… De me plaire en restant naturelle… Le plus dur va être d’annoncer à Mathilde que je ne l’ai pas choisie… Après ce que m’a dit Jeremy… Je sais qu’elle va mal le prendre… Mais j’ai fait mon choix… Et je suis heureux comme ça. »

Surpris de la voir arriver si tôt, le jeune métis avait les yeux qui pétillaient, il était content de voir qu’ils étaient aussi impatients l’un que l’autre de se retrouver. D’un pas rapide, la mignonne collégienne finie de rejoindre Gabriel avec un grand sourire :

  • Wouah… Tu es déjà là.

Répondant d’un même sourire, il répliqua :

  • J’allais te dire la même chose.
  • J’avais envie de passer du temps avec toi. Dit t-elle en se plaçant debout face à lui.

Le garçon se leva prit les mains de la belle, contempla son visage et l’embrassa. Lorsqu’ils eussent finis, elle se serra fort contre lui et dit avec soulagement :

  • Je ne savais plus si j’avais rêvé ou pas.

Au bout de quelques instants les adolescents s’installèrent sur le banc, l’un contre l’autre. Gabriel l’informa de ce qu’il avait décidé de faire au sujet de Mathilde :

  • Je vais dire aujourd’hui à Mathilde qu’on sort ensemble.
  • Elle va mal le prendre.
  • Je sais… Mais j’ai pas envie de lui planquer.

La petite métisse se retourna vers lui, et dit avec inquiétude :

  • J’espère qu’elle va l’accepter et qu’elle ne va pas nous mettre des bâtons dans les roues.
  • Non, je ne pense pas… Le seul risque c’est qu’elle me fasse la gueule parce que… Hier encore je lui disais que je ne sortirais avec aucune de vous deux… Mais je l’assume.

Elle fronça les sourcils, et en hochant la tête de droite à gauche, semblant complètement sidérée, rétorqua :

  •  C’est seulement s’qui t’inquiète !?!

Étonné par la réaction de sa copine, il l’exprima :

  • Ben, ouais… J’vois pas ce qu’elle pourrait faire d’autre… Je voulais la garder comme amie quand même… Mais vu ce que m’a dit Jeremy… Il y a peu de chance que ça arrive.
  •  Jeremy !?! S’indigna-t-elle en bondissant du banc.
  •  Ben, oui… Pourquoi ?

Se trouvant debout face à lui, reprit son calme, et l’interrogea :

  •  Il t’a raconté pour Christophe et Linda ?

Hébété, le garçon qui commençait à douter de ce qu’il savait de cette histoire, répondit en argumentant :

  •  Ben, oui… Il m’a simplement dit qu’elle ne leur avait plus jamais adressé la parole… C’est ça… Non ?
  • Ok… Ben, alors… Il a oublié pas mal de détaille.
  • Attends… Quelles détailles ?... Explique-moi. Insista t-il.

La jeune fille soupira, elle comprenait maintenant, pourquoi son petit ami prenait le sujet avec autant de détachement et d’insouciance. Se réinstallant à côté de lui, d’une voix posée, débuta son récit :

  • Le jour où elle à appris que Christophe avait choisi de sortir avec Linda plutôt qu’avec elle… Elle en est devenue dingue… Elle n’arrivait pas à comprendre comment on pouvait l’a trouvé moins attirante qu’une autre… Parce que ce qu’il faut que tu saches… C’est que Mathilde est une fille adorable… Mais elle a un grand défaut… Elle est narcissique…
  • J’avais jamais remarqué.
  •  C’est normal… Elle ne l’est pas devant les garçons… Mais entre fille, elle ne le cache pas… Toutes les filles connaissent cette partie d’elle… C’est pour ça qu’avant Linda personne ne s’était mise en concurrence avec elle… Pour un garçon… Mais elles étaient toutes les deux folles amoureuses de lui… Dès qu’elle l’a compris… Elle est venue me voir… En me disant que Linda était folle… Qu’elle ne réussirait pas à le lui piqué… Parce qu’elle était dix fois plus belle qu’elle.
  • Et qu’est ce qu’elle lui à fait… Quand elle a su qu’ils sortaient ensemble ? Demanda t-il, impatient de savoir comment ça s’était terminer.

Charlène se leva une nouvelle fois, prit les mains de Gabriel, le fixant dans les yeux, le regard brillant, elle semblait tergiverser :

  • Le jour où tu m’a dis… Que j’avais toutes mes chances avec toi… Au début j’étais heureuse… Et en réfléchissant je me suis dit que je faisais une connerie de lutter avec elle pour un garçon… Parce que j’avais peur qu’elle me fasse vivre la même chose qu’a Linda… Si tu choisissais de sortir avec moi.

Après cette phrase son visage changea, elle se leva et se mit dos à lui par pudicité, s’exprimant avec un excès de vanité :

  • Mais maintenant… Je sais que je ne me laisserais pas faire !... Je ne suis pas Linda… Je suis plus forte qu’elle le croit !

Le jeune homme se rapprocha de sa petite amie, lui caressant la nuque, il réitéra sa question d’une voix douce :

  • Qu’est-ce qu’elle lui a fait ?

La tête basse, Charlène répondit :

  • Elle a attrapée Linda et la massacrer… Et jusqu’à la fin de l’année scolaire… À chaque fois qu’elle la voyait… Elle l’insultait… Elle a monté une bonne partie des élèves contre elle… Résultat Linda a fini par quitter son copain… Et au début de l’année scolaire… J’ai appris que ses parents et elle avait déménagés.
  • J’avais entendu parler de cette histoire… Mais je n’aurais jamais cru que ça venait d’elle.

Elle leva la tête vers lui, et conclu :

  • Parce que tu ne connais pas ce visage d’elle… Elle est super comme fille… Mais pour cette raison vaut mieux être son amie… Que son ennemi.

Des larmes coulant sur ses joues, Charlène le serrant fort contre elle, déclara avec le courage de sa raison et la tristesse de sa voix impubère :

  • Je vais y aller.

Puis elle s’écarta un peu de lui, en badinant :

  •  Pour te dire que depuis ce matin je n’arrête pas de penser à ça… Je me suis habillée pour ça… J’ai même mit un jogging… Je suis près à en débattre avec elle… Finit-elle en se mettant en garde.

Le garçon, le regard sceptique, lui fit un petit sourire en coin en annonçant :

  • Je t’accompagne.
  • Oui, mais si elle veut s’en prendre à moi tu n’interviens pas. Dit t-elle en ramassant son sac par terre.
  • Pourquoi ?
  • Parce que le jour où tu partiras en maison de redressement… Qui va me défendre contre elle si je n’apprends pas le faire dès maintenant ? Argumenta-t-elle.

Et ajouta en avançant, pour se rendre au collège :

  • S’il faut que je sois assez forte pour ne pas trop souffrir quand tu iras là-bas… C’est pas en fuyant une situation comme celle-là que je le serai… Si toi tu es fort… Alors grâce à toi je le deviendrai. Exposa-t-elle, en lui faisant un vif baiser sur la bouche tout en continuant de marcher.

Gabriel remarqua que le visage de Charlène avait eut une expression qu’il n’avait encore jamais perçu d’elle : « Je ne l’avais jamais vu comme ça… Elle est déterminée à joué son rôle… Celui de ma p’tite copine… Vaillante et douce à la fois… Je ne crois pas être si fort qu’elle le pense… En plus l’idée de la voir se battre avec Mathilde… Ne me fait pas plaisir… Mais ma bagarre avec Bilal dans le bureau du directeur… M’a permis de ne pas me sentir humilié une deuxième fois… J’espère que Charlène sera à la hauteur… Parce que je ne la laisserais pas se faire tabasser par Mathilde, sans bouger… Si ça arrivait, il n’y aurait plus d’amitié qui compte !... »

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